Première rencontre [Laureline Logan]

Je venais de me réveiller d'un long sommeil. A cause du trajet qui m'avait parut interminable que j'avais du subir les bras coincés dans le dos pendant plus d'une journée. Des personnes m'avaient trimbalée comme un sac et en plus maintenant j'avais faim ! Mais bon tous ces événements étaient hors sujet par rapport à ma situation actuelle.
En soulevant avec effort mes paupières, je ne distinguai que les ténèbres. Deux possibilités s'offraient à moi: soit j'étais dans une pièce totalement noire, soit personne n'avait voulu enlever le bandeau qui me cachait les yeux et m’empêchait de prendre connaissance de l'environnement qui m'entourait. Il me semblait me trouver dans une chambre, je sentais des draps entre mes doigts et un oreiller possiblement en plume sous ma tête. Qui m'avait portée et posée en ce lieu alors que je me trouvais déjà dans les bras de Morphée ? Ne devrais-je pas dormir sur le sol dur d'une prison pour les crimes que j'avais commis ?
Un jour quelqu'un m'avait demandé dans le langage des signes si les sourds s'entendaient penser comme toutes les autres personne qu'il avait qualifié de "normales". Cette question m'avait beaucoup fait rire sur le coup. C'est cette pensée qui me donna le courage de me lever de ce lit si douillet afin d'explorer à l'aveuglette la pièce où je me trouvais.
C'était avec soulagement que je découvris que la pièce n'avait que quatre murs et que c'était bien une chambre. Ce qui m’embêtait c'est que je ne réussissais pas à distinguer une quelconque porte. Il y en avait forcement une sinon comment me serais-je retrouvée là ? J'aurai tellement aimé pouvoir enlever le bandeau pour voir le monde qui m'entourait. Il y avait peut-être des fleurs quelque part ou mieux, un petit bonsaï mais il était bien trop serré et je ne pouvais défaire l'attache qui me privait de ma vue.
Je fis donc un énième tour de la pièce mais cette fois-ci, un changement s'était opéré. Là où je n'aurais dû rencontrer que du mur se trouvait un trou béant. La porte enfin. Mais elle ne pouvait s'ouvrir seule, quelqu'un se trouvait forcement non loin.

"Euh... Y-a-t-il quelqu'un ?"

Je suivis Logan le long des couloirs de l'institut. Il me mena vers la cantine qui était remplie de monde grouillant et s'amusant tel des fourmis à l'arrivée d'une nouvelle reine. C'était l'heure de pointe où la nourriture affluait et où habituellement les sons en tout genre fusaient. Mais je n'entendais rien de tout ça, ne faisant même pas à Logan qui semblait vouloir me dire quelque chose, certaines personnes me regardaient et j'avais l'impression d'être une nouvelle race de rat de laboratoire venant d' être découverte.
Une haine profonde m'envahit, je me lança sur la première personne devant moi, l'assenant de coups violents et brusques, sans réfléchir plus que ça.  Je voulais me défouler, faire exploser ma colère afin de ne plus sentir ce sentiment d' insécurité et de malaise dans cet endroit rempli d'inconnus qui me dévisageaient. Je le frappais donc de toutes mes forces,  tandis qu'il me fixait,  hébété.  Il ne comprenait pas pourquoi j'agissais de cette manière, personne ne comprenait mes sentiments et la position dans laquelle il était à présent l'empêchait de pouvoir se défendre.
Après quelques secondes qui parurent durer une éternité pour le garçon,  je sentis l'os de son nez se briser sous mes poings devenus indomptables.  Quelque chose s'éveilla en moi, je savais que ce que je faisais était mal mais qui pouvait m'en empêcher de toutes façons ? J'étais complètement folle, une grande malade qui ne fait que du mal aux autres et qui prenait plaisir à tabasser ce garçon. Car oui, cela me rendait hystérique de voir son sang se rependre sur le sol. La vision trouble, une subite pensée m'envahie.
Je me stopais, tous les regards étaient fixés sur moi. Même Logan m'observait, j'avais cru qu'il était différent, qu'il pourrait me comprendre mais il n'en était rien. C'est lui qui m'avait fait venir ici et sûrement dans le but de me piéger pour montrer à tout le monde que j'étais une vraie folle.
J'abandonnais le corps inerte et me relevais, le regard droit, je sautais sur Logan, le faisant tomber à terre. Sa tête entre mes mains ensanglantées, je n'avais qu'une idée en tête, l'exploser comme un ballon.